Apollonia d’Illyrie - Campagne 2018 du programme franco-albanais

, par Jean-Michel Colas

Apollonia d’Illyrie – Campagne 2018 du programme franco-albanais 7 août – 4 septembre 2018

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En 2018, la mission épigraphique et archéologique franco-albanaise d’Apollonia d’Illyrie fête son premier quart de siècle. Fondée en 1992 par Pierre Cabanes et Neritan Ceka, elle repose sur un partenariat scientifique qui vient d’être renouvelé pour quatre ans grâce à un accord signé entre l’Institut archéologique de Tirana, l’UMR 8546-AOROC (CNRS-ENS-EPHE, Université PSL) et les Écoles française de Rome et d’Athènes, en collaboration avec l’Institut de recherche en architecture antique (USR 3155). Les travaux sont effectués en coordination avec le parc archéologique d’Apollonia. Le programme est dirigé conjointement par Stéphane Verger (EPHE, UMR 8546 AOROC, PSL) et Belisa Muka (Institut archéologique de Tirana).

Le programme quadriennal 2018-2021 prévoit l’achèvement de plusieurs volumes de publication des résultats des fouilles menées depuis 1994 et la reprise du travail de terrain dans deux secteurs : celui de la porte nord-est et la zone intermédiaire entre l’agora hellénistique et le centre monumental romain. Cette année, trois volumes sont en chantier, à différents degrés d’avancement. Le premier, qui concerne les prospections et les sondages stratigraphiques dans la ville haute (2004-2008), est en voie d’achèvement grâce à des compléments d’étude et de relevé photogrammétrique des restes architecturaux (toitures et décorations lapidaires, F. Quantin). Le deuxième, qui porte sur le secteur de la maison G et notamment sur le grand égout qui borde la maison romaine, est achevé pour ce qui concerne les contextes céramiques stratifiés (M.-H. Barrière) et le matériel métallique et (S. Veseli), Les derniers relevés photogrammétriques effectués cette année permettront la mise au point du chapitre topographique et architectural (J.-L. Lamboley, A. Skenderaj). Le troisième volume porte sur une série de contextes stratigraphiques homogènes de l’époque archaïque et classique mis au jour dans la ville haute lors des fouilles de 2010-2014 (S. Verger, S. Shpuza). Il s’agit de deux remblais contenant une riche série céramique du VIe siècle avant J.-C. et du remplissage d’un puits couvrant le Ve et la première moitié du IVe siècle. On s’attache enfin à documenter les ensembles hellénistiques issus des stratigraphies qui permettent de proposer une datation archéologique pour le grand portique et les monuments qui bordent les côtés nord et ouest de l’agora de la ville haute (C. Rocheron).

Par ailleurs, la campagne est consacrée aux travaux préparatoires indispensables pour la reprise des recherches de terrain. Cela passe d’abord par un plan de rénovation de la maison de fouille, qui a été construite en 1996 grâce au financement du Ministère français des affaires étrangères et du gouvernement albanais. Cette année, on achève notamment l’équipement des réserves en étagères de stockage du matériel archéologique.

Sur le terrain, il était également nécessaire de remplacer le système de coordonnées locales sur lequel étaient fondés jusqu’à présent les levés topographiques et les relevés architecturaux par un système en coordonnées internationales qui permettra de géoréférencer les vestiges dans toute l’aire urbaine (Ph. Lenhardt et S. Shpuza). Ce nouveau réseau sera notamment utilisé pour l’achèvement du modèle 3D photogrammétrique de la ville antique, démarré en 2017 et complété cette année dans les zones périphériques et jusqu’à la nécropole tumulaire.

On continue de manière concomitante le programme de relevé photogrammétrique des monuments de la ville haute, à commencer par les courtines de la fortification qui entourent la porte nord-est, en vue de la reprise des fouilles dans ce secteur. Ce travail prend place dans le projet d’étude architecturale et archéologique global de la fortification, qui sera mené dans les prochaines années (N. Genis). Enfin, l’équipe contribue au renouvellement du circuit de visite du site par le renouvellement des panneaux explicatifs trilingues, dans le cadre d’un partenariat avec le parc archéologique et l’ambassade de France en Albanie.

 

Le chantier a une vocation de formation pratique à l’archéologie. Cette année, trois étudiants de licence d’archéologie à l’Université de Tirana ont participé aux travaux et ont notamment appris à traiter les céramiques (du lavage à l’enregistrement et au dessin), à trier et nettoyer les enduits peints et les stucs, à enregistrer les parements de murs antiques dans la base de données ACoR. Plusieurs visites commentées du site et du musée ont été organisées. Les avancées de tous ces dossiers ont été présentées à la fin de la campagne, à l’occasion de la visite que le directeur de l’École française d’Athènes fera en compagnie de Luan Përzhita, directeur de l’Institut d’Archéologie de Tirana, de Rose-Anne Bisiaux, conseiller de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France, et d’Ornela Durmishaj, directrice du parc archéologique d’Apollonia.

Lien École française d’Athènes